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7 Pendant cette excursion, c'est surtout à l'embouchure du Soamianina qui est un peu Sud de la Pointe à l'Arrée ainsi qu'à l'entrée de la baie d' Antongil que nous avons séjourné longtemps y faisant d'amples collections d'animaux de toutes sortes Sur ces entrefaites, on vint annoncer à Andriamisiry qu'un de ses mpitaka, un de ses chefs, avait été grièvement blessé par le taureau d'un autre de ses sujets; il s'empressa de regagner sa résidence pour diriger le kabary, le procès, qui devait naturellement s'ensuivre : le propriétaire du taureau fut condamné à immoler plusieurs boeufs pour expier le "crime" de son animal et le roi et son peuple se gorgèrent de viande au détriment du pauvre propriétaire qui n'y était pour rien. Maintirano ou Kivinjy est bâti sur la pointe Est d'une île à l'embouchure du Demoka ou Doko. Les cases, qui sont à côté les unes des autres, sont entourées d'un petit enclos et ont leurs parois ainsi que leurs toits en palme de mokoty. C'est une petite ville assez importante pour la région occidentale de Madagascar; il y a beaucoup d' Antalaotra, de Comoriens, de Souahilis et d' Indiens (sur un millier d'habitants, il y a environ une centaine de Comoriens, un peu moins d' Antalaotra, une trentaine d' Indiens (soit 8 Banyans et une vingtaine de Khodias et de Bhoras) et une trentaine de Souahilis ou d' Arabes) Les Antalaotra, Comoriens, Souahilis et Indiens dont l'un des principaux commerces, sinon le principal, était la traite des esclaves, m'ont accusé d'être chargé par les Anglais de sonder les passes afin que leurs navires puissent venir s'y emparer des boutres et les brûler; ils en ont en effet très peur depuis que l'escadre britannique de l'océan Indien fait la police tout le long de la côte orientale de l'Afrique ainsi que dans le canal de Mozambique et a saisi et brûlé beaucoup de leurs boutres négriers. A la même époque, il y avait 150 marchands merina et environ trois à quatre cent Sakalava, mais les esclaves étaient plus nombreux que les libres: il y en avait plus de 1.500. Nous voulions partir pour Tananarive le 14 août, mais nous dûmes attendre jusqu'au 21, le mistral malgache, le varatrazy qui nous était contraire, n'ayant cessé de souffler toute la semaine et ce n'est pas sans peine que nous avons fini par atteindre Marovoay En arrivant à Ambohimanga, j'ai appris qu'on venait de faire un autodafé général de tous les sampy ou talismans jusque-là vénérés, je faillis même dire adorés de tous les Merina; c'est le 9 septembre 1869 qu'a eu lieu cette exécution dans tous l'Imerina. La reine envoya ce jour-là des émissaires dans toutes les villes où l'on gardait un de ces sampy, avec l'ordre des les brûler et ils les brûlèrent en effet. Ainsi à Ambohimanjaka, au nord d'Imerimandroso, qui est à cinq kilomètres Ouest d'Ambohimanga où était conservé religieusement l'un des plus célèbres, Ramahavaly, le guérisseur des tous les maux, l'Esculape Malgache, cinq officiers généraux et un pasteur protestant malgache se sont présentés ce jour-là et on dit à ses gardiens, à ses prêtres: -- "À qui est ce talisman? Est-il à vous ou à la reine?" -- "À la reine". -- "À la reine dites-vous? Oui! il est bien à elle, voici ce qu'elle vous fait dire: j'ordonne que tous les sampy soient brûlés, car ils induisent mon peuple en erreur, ils le trompent, et si quelqu'un de mes sujets en cache un, en garde un contrairement à mes ordres, je le ferai brûler avec son talisman". Personne n'osa contrevenir à cet ordre, mais personne n'osa non plus livrer le coffret de bois où était renfermé le vieux Ingahibe (littéralement: le respectable vieillard) comme on nommait d'ordinaire Ramahavaly, qui consistait tout simplement en deux morceaux de bois informes de la grosseur du poignet et long de 12 à 15 centimètres, juxtaposés; ce furent les envoyés de la reine qui durent grimper à l'échelle pour s'en emparer et qui procédèrent ensuite à l'autodafé, dans lequel ils firent aussi jeter tous les talismans et gri-gris personnels des habitants du pays, à leur grande stupéfaction et terreur. Le zébu ou boeuf à bosse y vit comme le mouton par innombrable troupeaux, fournissant la viande de boucherie, le lait et le beurre bien au-delà des besoin du pays. Madagascar est le grand marché où les îles de la mer des Indes viennent s'approvisionner. Les Merina portaient toujours des amulettes et, lors des épidémies de variole ou autres, on adressait des prières à Ramahavaly, l'Esculape malgache, et, avec de l'eau consacrée par ce talisman, où on l'avait plongé, on aspergeait le peuple assis par rangs, les épaules nues. On faisait cette même cérémonie lorsqu'il y avait dans le pays un chien enragé. En quatre heures et demie nous sommes arrivés à Ambohitrerana où était conservé précieusement jusqu'au mois dernier une "corne miraculeuse" m'ont dit certains Malgaches, un serpent, m'ont dit d'autres, Ratsimahalahy pour l'appeler par son nom, talisman qui vient d'être brûlé avec son "sanctuaire" ainsi que tous les autres. Puis traversant le Morondava, dont les bords sont ombragés par de beaux et grands arbres et marchant dans une plaine sablonneuse semée d'arbustes épineux et ça et là, de quelques bouquets d'arbres (Sakoa (Spondias dulcis) Kily ou tamarins (Tamarindus indica), Satrana (Hyphoene coriacea), lamoty (Flacourtia sepieria et Taly (?), je suis arrivé en 1 h. 1/2 à Ampanihy...
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