Explanations in French |
4 (Ifaralahy qui n’a pas su demander), titre d’une légende célèbre par la portée religieuse qu’elle a. — Il était trois frères entre lesquels leur père avait partagé inégalement l’héritage qu’il leur laissait. Le plus jeune ne put se consoler d’avoir un pauvre petit lot, il supplia Dieu de le combler de toutes sortes de biens; par malheur, il les demanda pour un temps limité. Dieu lui accorda tout ce qu’il Lui avait demandé et il devint riche et heureux. Or, après quelques années, vint l’expiration du délai qu’avait demandé Ifaralahy pour jouir des biens donnés par Dieu et Dieu envoya son fils pour tuer Ifaralahy. Le fils de Dieu vint alors chez Ifaralahy: celui-ci, devinant l’objet de sa venue, le reçut avec tellement d’apparat et de bonté que le fils de Dieu, pris de pitié, n’eut pas le courage de le tuer. Il s’excusa auprès de son père en disant que Ifaralahy lui faisait pitié: il tenait encore tellement à la vie. Dieu envoya alors de nouveau son premier intendant, la même scène recommença; son second intendant: toujours la même scène. Alors, mis en colère, Dieu alla en personne, suivi de son fils et de ses intendants, chez Ifaralahy. Celui-ci les reçut avec encore plus d’apparat et de magnanimité. Après le grand festin qu’il leur servit, Ifaralahy s’avança vers Dieu, un grand coutelas en main, et lui dit, prosterné devant lui; « Tuez-moi, mon Dieu, je ne savais pas demander, je ne demandais pas quelque chose de durable mais de passager ». Mais le fils de Dieu se leva et intercéda pour Ifaralahy. Comme Dieu, prenant le coutelas, ne voulait rien entendre et menaçait de tuer Ifaralahy, le fils de Dieu se jeta au dessus d’Ifaralahy et dit à son père: « Si vous devez le tuer, Père, tuez-moi aussi ». Touché par ce geste, Dieu le père renonça alors à tuer Ifaralahy, mais se contenta de lui dire: « Dorénavant, sache demander ce que tu désires; passe pour cette fois, mais que cela ne recommence pas deux ou trois fois ». Les serviteurs, dit-on, en furent émerveillés et se dirent entre eux: « Dieu est bon et miséricordieux ». Ce fut, dit-on, la première colère de Dieu contre les hommes, et n’eût été son fils, les hommes auraient encouru pour toujours la colère divine. Il ne serait pas sans intérêt de faire remarquer ici quelle idée les Anciens Malgaches se faisaient du péché: jouissance des biens passagers et périssables en échange, pour ainsi dire, des biens qui durent toujours, éternels. [1.11]
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